Les municipalités canadiennes qui entendent mettre en place des programmes de données ouvertes sont bien conscientes que le modèle dit « jardin de cocagne » (si vous le construisez, la clientèle viendra) n’est qu’une promesse irréaliste. Dans ce cas-ci, l’exercice consiste essentiellement à investir le temps qu’il faut pour trouver une source profonde et inépuisable d’une ou de plusieurs problématiques que la municipalité est en mesure de régler. Cela peut représenter tout un défi, notamment dans les municipalités où l’on est porté à voir les résidents de la localité comme des clients ou de simples consommateurs de services. La mise en place d’un processus de communication bidirectionnelle en fonction des priorités des résidents de la localité peut contribuer à préparer le terrain pour une mobilisation à plus long terme.
Bâtir une communauté hors ligne
L’une des façons d’obtenir l’appui des intervenants de la localité consiste à prouver que vous respecterez avec humilité leur rétroaction et leur engagement. La manière la plus efficace de le faire est de mettre en pratique vos valeurs et de faire connaître vos priorités et vos attentes, de telle sorte qu’ils en prennent acte. Il s’agit là d’une manière de développer une conscience communautaire. Le bon endroit où investir les premiers efforts, c’est le terrain où vos intervenants sont déjà actifs (face à face ou numérique). Voici quelques mesures modestes qui en disent long :
- Commencez par écouter attentivement les résidents de la localité. En raison de leur expérience quotidienne au sein de leur communauté et de leur utilisation des services, les résidents d’une localité sont particulièrement bien placés pour vous transmettre des commentaires pertinents sur votre projet de données ouvertes. Par exemple, ils sont en mesure d’établir la gravité d’un problème, sa fréquence, les causes à leurs yeux et la solution qui serait la plus logique depuis la perspective des gens les plus touchés. On entend par une écoute attentive qu’il faut saisir le contexte dans lequel émerge la revendication pour des données ouvertes. Cela vaut pour une multitude d’intervenants, y compris des entreprises locales.
- Événements jumelés. Vous pourriez participer à un événement communautaire, comme la rencontre des mordus de technologies de votre localité ou un marathon de programmation organisé par la communauté, et demander une rétroaction sur des points précis ou organiser un événement distinct sur un thème donné en concertation avec les intervenants locaux et en collaboration avec les organismes municipaux concernés. Assurez-vous de vous présenter aux organisateurs et de leur demander l’autorisation de consulter brièvement l’assistance.
Les marathons de programmation se déroulent pendant un ou deux jours, et donnent passablement de visibilité à la localité. En s’appuyant sur les principes de création concertée et de collaboration, ils portent sur un thème ou un problème particulier. Les participants se divisent en équipes pour travailler sur une idée de projet en se servant des données à leur portée et en travaillant en collaboration avec les spécialistes qui se trouvent sur place pour donner des conseils. Habituellement, les marathons de programmation finissent avec une série de présentations par chaque équipe et, parfois, par la remise d’un prix par un jury. Les marathons sont ouverts à la communauté et à divers intervenants, dont plusieurs ne possèdent que des compétences techniques minimales. Les municipalités ont un rôle important à jouer, car elles peuvent préparer les données et les divulguer en vue de ces événements.
Lectures supplémentaires
Qu’est-ce qu’un marathon de programmation?
Open Data Hackathon How to Guide (en anglais seulement)
Exemples (il y en a beaucoup d’autres!) :
HacktheNorth.com (Waterloo) (en anglais seulement)
HackingHealth.ca (pancanadien)
AquaHacking.com (divers endroits au Canada)
- Entretenir le dialogue. Le genre de travail de proximité qui ne se produit qu’une seule fois, tel qu’on le suggère jusqu’à présent, ne réussira que si vous élaborez une stratégie viable de communication bidirectionnelle. Soyez lucide : Établissez des attentes réalistes et faites constamment un suivi. Vous devez tenir compte de la diversité et vous demander qui n’a pas été consulté à part de ceux qui nous viennent habituellement à l’esprit. Par exemple, vous pouvez déceler des problèmes locaux en examinant les données et les renseignements sur les appels entrants au 311, organisés par unité géographique de votre municipalité. Est-ce que les gens avec qui vous entretenez un dialogue sont directement concernés par les problématiques qui pourraient justifier la libre circulation de données? La configuration d’un problème peut être itérative et revue en collaboration avec différents participants dans le cadre de votre processus de planification. Vous pouvez resserrer les questions que vous posez aux intervenants externes en tenant compte des questions ou des objections exprimées par des intervenants internes.
- Élargissez votre base. La collaboration avec les principaux dirigeants de la communauté et divers groupes d’intervenants peut aider à établir et à maintenir des relations continues permettant de valider votre initiative et d’étendre son champ d’application. Il est fort probable que ces dirigeants soient déjà en contact. L’animation d’un groupe multi-intervenants formé de représentants du monde universitaire, de milieux sociaux, d’associations et d’entreprises pour vous donner une rétroaction sur vos activités peut également se faire de façon informelle au stade initial de votre initiative. Plusieurs de ces activités se dérouleront en soirée, ce qui pourrait vous obliger à travailler après les heures normales de bureau. Votre présence sera appréciée et contribuera à faire la démonstration de votre engagement.
Bâtir une communauté en ligne
L’expérience démontre que les interactions rapides permettent de bâtir une communauté de médias sociaux bien plus efficacement que ne le feraient les interactions plus espacées les unes des autres. La norme veut que les délais de réponse au moyen des médias sociaux soient plus brefs que ceux des échanges de courriel ou face -à -face. Il est bien de rendre un plus grand nombre de données accessible au grand public, mais ce fait doit être appuyé par une réactivité rapide afin d’accorder une plus grande facilité de repérage (découvrabilité) aux données comme telles. Vous pouvez aussi adapter vos messages de manière à attiser l’intérêt ou la motivation de différents membres de la communauté des données ouvertes et des groupes d’intervenants (voir les avantages à la section Pourquoi devrais-je m’en faire? – Qu’est-ce que j’y gagne? Qu’est-ce que je risque?). Votre engagement en ligne vous permet de chercher vos abonnés et les intervenants, et de leur transmettre de l’information et des avis plus directement. Une bonne pratique consiste à établir des normes régissant les délais de réponse. En consultation avec l’équipe des communications de votre municipalité, vous devriez veiller à ce que votre stratégie relative à la communauté en ligne vienne également réconcilier la promotion de votre initiative, la reconnaissance du mérite des utilisateurs de données de la communauté et, de même que le partage d’outils et des ressources dont ils bénéficient.
Il est fort possible que certains cas d’utilisation et certaines anecdotes sur les incidences provenant d’autres municipalités, comme celles qui ont été recueillis pour la présente Trousse d’outils maison, viennent inspirer votre communauté. Par ailleurs, nous vous recommandons d’afficher un contenu dynamique, comme des vidéos ou des entrevues de courte durée avec des gestionnaires de données ou des élus qui appuient votre projet. Ceci viendra accroître la visibilité de votre programme ou projet de données ouvertes, et confirmera son importance aux yeux de la population générale, tout en générant un intérêt, de même qu’une certaine effervescence.
Aidez les intervenants intéressés à développer une littératie au moyen des données ouvertes
Les toutes premières itérations de données ouvertes ont été songées uniquement pour les utilisateurs avancés, mais on assiste actuellement à une transformation, au fur et à mesure que des municipalités comme la vôtre se joignent aux rangs de la communauté des données ouvertes. Ne vous surprenez pas si de plus en plus de gens et de médias locaux manifestent un intérêt pour des données ouvertes. La maturation des données ouvertes nous oblige à rendre les compétences et les connaissances techniques plus accessibles, d’où la demande à cet effet et l’intérêt manifesté par des groupes comme Open Data Book Clubs (clubs de lecture de données ouvertes), Civic Tech Nights (soirées technocitoyennes) et Data MeetUps (rencontres sur les données) qui tentent de régler la question. Code for Canada a également aidé au réseautage de militants et de professionnels actifs dans les domaines de l’alphabétisation appliquée aux données et de l’action citoyenne. Toutefois, il existe certains secteurs démographiques qui sont moins familiers avec les données ouvertes et qui sont intéressés à participer . Les pratiques exemplaires tiennent compte du fait que l’on doit les aider à développer leur niveau d’alphabétisation et leur sensibilisation par rapport à votre engagement envers les données ouvertes, à tout le moins . Le fait de créer des profils de divers utilisateurs de données , en tenant compte de leur niveau d’alphabétisation en matière de données, de leurs intérêts et de leurs besoins vous aidera à développer des documents d’appoint qui seront davantage façonnés au domaine de l’alphabétisation en matière de données. Un ensemble de tutoriels sous forme de vidéos pourraient vous aider à relier votre écosystème.
Lectures supplémentaires
- School of Data (en anglais seulement)
- Canada Learning Code