Par Michael Lenczner (bloggueur invité)
Lorsque j’ai lancé Ajah en 2010, je voulais utiliser des données pour aider les collecteurs de fonds à trouver des sources probables de financement. Étant donné que je jouais un rôle actif dans le mouvement des données ouvertes depuis 2005, je savais que l’information dont ils avaient besoin existait. Nous avons travaillé avec ardeur pendant plusieurs années pour mettre sur pied notre service, Fundtracker.
Pour créer Fundtracker, il a fallu combiner un grand nombre d’ensembles de données : les données sur les dépenses du gouvernement à l’échelle fédérale et provinciale, les renseignements financiers et les documents sur les subventions des organismes de bienfaisance, l’information concernant la responsabilité sociale des entreprises, et même les rapports annuels des organismes de bienfaisance. Nous avons lancé notre plus récente version du service l’automne dernier, et nos clients y ont répondu avec enthousiasme.
En 2013, nous avons été reconnus à l’extérieur du Canada pour avoir créé une entreprise prospère au moyen des données ouvertes et avons permis de mieux comprendre l’écosystème du financement que nous offrons à nos clients. Au début, nous avons attribué notre succès à nos capacités de technologues experts qui connaissaient bien le secteur à but non lucratif. Alors que nous continuions à nous informer sur ce secteur dans d’autres pays, nous nous sommes rendu compte que tous ces pays étaient loin d’avoir la quantité de données offertes au Canada. C’est ce qui explique principalement notre position dominante dans ce domaine.
« Nous sommes les meilleurs! »
Bien que nous associons ce slogan à nos voisins du Sud, nous avons découvert, en fait, que notre gouvernement est le meilleur du monde en raison d’un aspect typiquement canadien de la société moderne : une fonction publique hautement compétente, qui recueillait et diffusait de l’information utile sur les organisations à but non lucratif.
Tous les ministères fédéraux publient de bons rapports sur le financement conformément à la politique de divulgation proactive. La Direction des organismes de bienfaisance en particulier, de l’Agence du revenu du Canada (ARC), recueille des renseignements très utiles sur les organismes de bienfaisance et a été la première organisation à faciliter l’accès à ces renseignements en ligne et hors ligne.
L’information fournie par l’ARC sur les organismes de bienfaisance canadiens est inédite pour plusieurs raisons. Contrairement à la plupart des autres pays, l’Agence recueille et publie chaque année des renseignements détaillés sur les finances, les ressources humaines et certaines activités concernant les organisations caritatives canadiennes. De plus, l’information contenue dans les formulaires est saisie et fournie sur demande dans des formats lisibles par machine (Microsoft Excel et Access) plutôt que sur support papier ou en format PDF – comme c’est le cas aux États-Unis.
En outre, l’ARC a récemment apporté deux autres changements qui ont permis au Canada de renforcer encore sa position :
- Depuis l’automne dernier, chaque subvention accordée par des fondations et des organisations caritatives a été saisie (alors qu’auparavant une petite partie était fournie). Cela signifie que pour la première fois, dans n’importe quel pays, il existe un ensemble complet de tous les dons faits par les organismes de bienfaisance au cours d’une année donnée.
- Ces données sont accessibles sous forme de données ouvertes. Les données lisibles par machine peuvent donc désormais être téléchargées en vrac avec une licence commerciale sur le Portail de données ouvertes du gouvernement fédéral.
Ces progrès ont fait du Canada le véritable chef de file pour ce qui est de la quantité et de la qualité de l’information offerte sur les organismes à but non lucratif. Compte tenu de la taille et de l’importance de ce secteur, et de la reconnaissance accrue de l’importance d’utiliser les données pour favoriser l’innovation, il s’agit d’une réalisation de taille. Cela offre aux Canadiens d’énormes possibilités.
Chaque jour, ces données sont utilisées de diverses façons par les chercheurs, les décideurs, les bailleurs de fonds, les associations-cadres et différents organismes à but non lucratif. Il ne faut pas sous-estimer les avantages que ces données procurent. Des organismes pourvoyeurs de fonds comme la Bill and Melinda Gates Foundation, le Omydiar Network et la William and Flora Hewlett Foundation ont tous souligné l’importance de ce type de données, tout comme des institutions comme la Banque mondiale.
En tant que Canadiens, nous devons tirer parti de la position dominante que nous occupons dans ce domaine. Nous devrions perfectionner notre expertise en matière d’utilisation des données à l’échelle nationale pour bâtir un secteur social plus ingénieux et nous devrions exporter cette expertise – à titre de décideurs, de chercheurs, d’organisations de la société civile et d’entreprises.
Les gouvernements devraient continuer de s’assurer que l’information recueillie est l’information dont le public et les organisations à but non lucratif ont le plus besoin. Les chercheurs doivent acquérir les compétences quantitatives nécessaires pour utiliser les données afin d’éclairer leurs recommandations sur les politiques, et les bureaucrates doivent apprendre comment utiliser les données pour mettre en œuvre ces politiques le plus efficacement possible. Les sociétés civiles et les entreprises doivent utiliser cette information pour concevoir des solutions novatrices aux problèmes, et les bailleurs de fonds doivent rechercher et appuyer ces innovations.
Plusieurs signes indiquent que le Canada renforcera son leadership dans ce domaine. Le Rapport sur le Projet de détermination du risque lié aux organismes sans but lucratif, qui est déjà lancé, devrait accroître nos connaissances sur le nombre important d’organismes à but non lucratif qui n’ont pas le statut d’organisme de bienfaisance. Le projet annoncé récemment, Modernisation de la TI pour les organismes de bienfaisance, contient plusieurs mesures visant à améliorer la qualité et l’accessibilité de ces données. Ces initiatives, ainsi que les initiatives de la société civile comme Community Knowledge Exchange, et celle d’Ajah, PoweredbyData, donnent aux Canadiens la possibilité de servir de modèle au reste du monde.
Michael Lenczner est le PDG de Ajah (anglais seulement), une entreprise de conception Web de Montréal qui utilise les données ouvertes pour offrir le modèle SaaS (logiciel en tant que service) aux organisations à but non lucratif. Le principal service offert par Ajah est un outil de recherche sur les perspectives appelé Fundtracker et destiné aux collecteurs de fonds. L’entreprise a récemment créé PoweredbyData (anglais seulement), une organisation à but non lucratif dont le but est d’accroître l’offre de données ouvertes sur les organisations à but non lucratif dans le monde entier.
Les opinions exprimées dans cet article ne correspondent pas nécessairement à celles du gouvernement du Canada.