Le Gouvernement ouvert et la 4e révolution industrielle

le janvier 26 2016

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Ce billet de blogue a été rédigé par Stephen Walker et Jose Alonso, coprésidents du Groupe de travail sur les données ouvertes du Partenariat pour un gouvernement transparent. Il a d’abord été publié dans le site Web du Forum économique mondial.

Il y a deux semaines, à Davos, les chefs de file gouvernementaux et de l’industrie examinaient les défis qui les attendent à l’aube d’une période de changement et d’innovation rapides comme nulle autre jusqu’à présent.

Le président du Forum économique mondial (FEM), Klaus Schwab, a fait un certain nombre d’observations (en anglais seulement) sur l’importance de plus en plus grande des données et de la connectivité pour l’avènement de la quatrième révolution industrielle (en anglais seulement), puis il a pointé du doigt l’une des principales demandes auxquelles les gouvernements devront répondre lors de cette prochaine vague d’industrialisation : une pression accrue du public pour la transparence.

« Si [les gouvernements] arrivent à démontrer qu’ils sont capables de s’adapter à un monde de changements perturbateurs, et à soumettre leurs structures aux degrés de transparence et d’efficacité que leur permettront de conserver leur avantage concurrentiel, ils survivront. S’ils ne parviennent pas à évoluer, ils s’enliseront. »

Nous sommes du même avis. On a beaucoup parlé de la capacité des données à révolutionner le monde des affaires et des relations. Mais les données à elles seules ne nous mèneront pas très loin. Nous avons également besoin qu’elles soient pertinentes, opportunes et utilisables.

D’abord et avant tout, nous avons besoin que ces données soient ouvertes.

Les données ouvertes seront un outil essentiel pour que les gouvernements puissent relever les défis de la transparence et de l’efficacité soulignés au FEM. C’est pourquoi les données gouvernementales devraient être, le plus possible, ouvertes : accessibles gratuitement, présentées sous une forme comparable et réutilisable et, idéalement, publiées en temps opportun.

Non seulement les gouvernements qui offrent des données ouvertes améliorent-ils leur responsabilité publique et leur efficacité, mais ils permettent également à leurs citoyens de profiter des avantages sociaux et économiques qu’entraîne l’ouverture des données. Plutôt que de croupir dans un système informatique de ministère ou d’agence pour n’être vues que par une poignée de fonctionnaires, les données peuvent être consultées et utilisées par les citoyens et ainsi stimuler l’entrepreneuriat, l’innovation et le règlement des problèmes sociaux, ce qui augmente du même coup leur valeur économique et sociale de façon exponentielle. Voilà pourquoi les données gouvernementales ouvertes seront un facteur important pour déterminer quels pays seront à l’avant-garde de la quatrième révolution industrielle.

Par exemple, au Canada, le gouvernement fédéral publie des ensembles de données sur les organismes de bienfaisance et à but non lucratif. Un fabricant de logiciels montréalais, Ajah, utilise ensuite ces données pour alimenter son programme Fundtracker qui, à son tour, permet à des organismes de joindre des donateurs potentiels et de cerner les tendances en matière de financement. Il s’agit là d’une façon parmi tant d’autres de réutiliser les données ouvertes et de faire en sorte d’en tirer beaucoup plus d’avantages que si elles étaient réservées aux seuls fonctionnaires.

À ce jour, la publication d’ensembles de données gouvernementales ouvertes n’a que peu progressé à l’échelle mondiale. Selon la toute dernière édition du Baromètre des données ouvertes, seulement 8 % des gouvernements couverts par le Baromètre publient des données ouvertes sur les dépenses gouvernementales. Pour ce qui est de la prestation des services publics, seulement 12 % des gouvernements communiquent des données ouvertes sur le rendement de l’enseignement public, alors qu’ils ne sont que 7 % à publier des données ouvertes correspondantes sur les services de santé. Nous devons aller beaucoup plus loin si les gouvernements souhaitent évoluer et s’adapter à la prochaine vague d’industrialisation.

Imaginons dans quelle mesure il serait possible de faire progresser les efforts de lutte contre la corruption et de faire des gains d’efficacité si tous les gouvernements publiaient des données ouvertes sur les dépenses publiques. Imaginons à quel point les services, comme l’éducation et la santé, pourraient être améliorés plus rapidement si les experts de l’industrie et les citoyens utilisant ces services pouvaient analyser et utiliser les données pour cerner les lacunes et mettre à l’essai certaines solutions.

Dans plusieurs villes et pays, la révolution des données ouvertes est déjà commencée. En Uruguay, ATuServicio.uy fournit un accès direct à tous les indicateurs de rendement des services de santé du pays. Des temps d’attente aux notes données par les usagers, les données sur les services de santé peuvent être comparées, et les citoyens peuvent prendre des décisions éclairées sur les fournisseurs de services de santé à consulter. Des journalistes d’enquête ont déjà décelé des anomalies dans certaines des données fournies, ce qui a incité certains fournisseurs de services de santé privés à normaliser et à améliorer leur collecte de données. Des exemples de ce genre peuvent devenir la règle plutôt que l’exception si nous acceptons de passer à l’ère des données ouvertes.

Voilà pourquoi nous avons lancé le document international intitulé Charte sur les données ouvertes. Fondée sur six principes de base, la Charte oriente les gouvernements dans leur volonté d’adopter et d’appliquer les principes, normes et pratiques exemplaires en matière de partage des données ouvertes dans tous les secteurs et dans le monde entier.

Régie par des chefs de file issus du gouvernement et de la société civile, la Charte sur les données ouvertes vise à aider le plus grand nombre d’administrations locales, régionales et nationales possible à adopter ces principes et à les mettre en pratique. La Charte a été adoptée par 17 gouvernements jusqu’à présent, et nous encourageons tous les gouvernements à saisir l’occasion d’être à l’avant-garde de la révolution des données ouvertes.

Il est dorénavant clair que les appels à un gouvernement plus efficace et plus transparent ne s’arrêteront pas. Tout gouvernement qui souhaite relever les défis qui nous attendent, et tirer profit de la technologie et de l’innovation qui mèneront à la quatrième révolution industrielle, ne peut y parvenir qu’en s’engageant véritablement sur la voie des données ouvertes. À mesure que les attentes des citoyens évolueront et que les avancées technologiques rapides se poursuivront, les gouvernements n’auront plus d’autre choix que d’adopter une telle « ouverture ».

Les données ouvertes permettront aux gouvernements non seulement de survivre, mais aussi d’exceller en tant qu’innovateurs durant la prochaine phase de l’industrialisation. Le temps d’une telle révolution est bel et bien venu, et c’est maintenant plus que jamais le meilleur moment pour les gouvernements d’en faire partie.

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